Religion et Croyances

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Religion et Croyances

Bouddhisme

En Mongolie le lamaïsme (variété du culte bouddhique qui s’était développée au Tibet au contact de bön, ancienne religion autochtone) tendait à évincer le chamanisme depuis 1269, lorsqu’il apparut à la cour de Khubilaï. A cette époque seul les élites avaient accès à la religion bouddhiste. Ainsi à la chute de la dynastie Yuan en 1368, le bouddhisme perdit son influence pour laisser à nouveau la place au chamanisme. La conversion massive des Mongols à la religion bouddhiste ne devait se faire qu’en 1565 lorsqu’un chef mongol, Altan Khan, eût invité l’abbé Gelugpa d’un grand monastère tibétain auquel il conféra le titre de Dalaï-Lama (« océan de sagesse »). Altan Khan se convertit lui-même en très grande pompe. Le reste de la population le suivit. C’est dans la famille de Altan Khan qu’est né le quatrième Dalaï Lama.

Au Tibet, l’auteur de la réforme du bouddhisme avait été Tsong Kha-pa, chef de l’ordre religieux des Gelugpa (« les vertueux »), reconnaissable à l’habit jaune de ses moines et réputé pour la rigueur de ses règles. La couleur jaune, différenciant ces lamas de l’Eglise traditionnelle vêtue de rouge, les fit surnommer « Bonnets Jaunes ».

La nouvelle religion se répand rapidement dans tout le pays. Et les cultes chamanique et lamaïque coexistent ou se confondent même parfois. Les divinités locales chamaniques, incorporées au système bouddhique, sont assimilées aux « protecteurs de la Loi ». Il est toujours ingénieux d’inclure aux innovations les traditions anciennes, car elles assurent la confiance et l’appui des masses. La détermination des jours propices devient le fait des lamas entraînés, qui prennent le relais des chamans, en leur empruntant leurs pratiques. En réalité le bouddhisme mongol dû composer avec les croyances chamaniques en reprenant par exemple à leur compte l’usage des ovoos auxquels ils ajoutèrent les drapeaux de prière. Mais aucune réelle concurrence n’existe puisque le chamanisme est un système d’échange avec les esprits. A cette époque presque chaque famille avait un fils lama. Au XIXe siècle il existait 1200 temples et monastères lamaïstes en Mongolie et au moins 700 en Mongolie Intérieure.

Le système féodal put continuer de fonctionner et il trouva même une seconde jeunesse. En effet, le haut clergé lamaïque forme vite une théocratie alliée à la noblesse, dépendante des Mandchous et détenant la presque totalité des terres et du cheptel, l’unique et abondante source de revenus. Sous leurs ordres, il y avait une bureaucratie féodalo-religieuse toute puissante.

Le Jebtsundamba Khutuktu d’Ourga (1870-1924), Grand Lama, chef de l’Eglise jaune et pendant mongol du dalaï-lama de Lhassa, se retrouve à la tête de plusieurs milliers de disciples, en réalité des serfs laïques, sujets de la nouvelle aristocratie lamaïque.

Jebtsundamba Khutuktu n’était pas un Mongol, il était né à Lhassa comme fils d’un important fonctionnaire de l’administration du Dalaï-lama. A l’âge de 4 ans sa vie monastique commence à Khüree, la capitale mongole de l’époque. On dit de lui qu’il menait une vie assez dissolue et cela entra même dans les livres scolaires de l’époque. Ainsi il existerait deux sortes de bouddhisme : la « voie vertueuse » et le « chemin du mantra ». Celui qui suit ce dernier « même sans abandonner les breuvages enivrants, le mariage, ou une occupation profane, s’il contemple l’essence de l’Absolu, … chemine le long du chemin du grand maître du yoga. »

L’Eglise, consolidant ses liens avec le Tibet et la Chine, devient le seul foyer culturel du pays, le centre de développement de toute pensée sociale. Tout en détenant la majorité des richesses, le pouvoir et le gouvernement. Désormais l’histoire du pays va se confondre avec celle de l’ordre religieux et des grands monastères.

La conversion au bouddhisme a entraîné la sédentarisation des populations autour des monastères. Les grandes villes ont été fondées autour de grand « Khuree » (grands cercles).

En 1911, la Mongolie devint autonome et en même temps que les mongols proclamaient leur indépendance, ils mirent en place un gouvernement provisoire sous l’autorité du Bogdo Gegen, le « huitième Bouddha vivant ». En 1915, un accord tripartite signé à Kiakhta entre la Chine, la Russie et la Mongolie garantit son autonomie même si elle est limitée. La révolution russe bouleversa ensuite la situation.

Avant que les communistes ne prennent le pouvoir en Mongolie dans les années 20, plus d’un quart de la population masculine était formée de simples moines.

La mort du dernier « Bouddha Vivant » : le Bogdo Gegen permit au gouvernement provisoire de proclamer le 26 novembre 1924, la République populaire de Mongolie.

Le bouddhisme connut une apogée en Mongolie au moment de la période mandchoue avant d’être « interdit » sous la période communiste avec les massacres et purges qui allèrent avec. Il connaît aujourd’hui une renaissance importante. De nombreux monastères ont été et sont encore rénovés et rendus au culte. Même les cérémonies du Tsam (danse bouddhiste, dite « danse des masques ou des divinités terribles ») supprimées depuis 1939 ont été remises à l’honneur. Cette danse avait pour but d’habituer les vivants à ce qu’ils verraient après leur mort, la lutte entre les bons et les mauvais esprits.

De plus, depuis 1994 une loi mongole a été votée sur la liberté de croyance. Cette loi a permis à de nouveaux centres religieux, dont huit églises chrétiennes, de recevoir le statut officiel d’institutions religieuses. Il semble que, outre les mormons, les baptistes, la secte Moon et bien d’autres encore, la religion bahaï originaire de perse et dont l’actuel centre se trouve en Asie du Sud, trouve un écho grandissant au sein des Mongols. Les futurs convertis sont attirés au moyen de cours d’anglais gratuits par exemple.

Chamanisme

Cette « religion des steppes » n’a ni doctrine ni écritures saintes. Seule compte l’observance des règles, entraînant par conséquent une forte superstition. Elle envisage le monde du point de vue de ce qui est vivant et mort, de ce qui est visible et invisible, d’où l’importance d’être en accord avec le monde qui nous entoure. Tout est en relation avec le ciel et les esprits.

L’organisation de la vie sous la yourte est une représentation symbolique de tout ce système avec la ritualisation de son espace, la relation avec ce qui est sacré comme le feu par exemple.

Selon le chamanisme il existe 99 cieux, en mongol : « tenger », dont 55 sont synonymes de bonheur et 44 synonymes de malheur. Traditionnellement on organisait une cérémonie au moment du passage à la nouvelle année afin d’apaiser les esprits néfastes.

Les Mongols croient en l’existence des esprits et aux relations possibles des humains avec les esprits des animaux et l’âme des morts. Ces esprits et ces âmes, essentiellement mobiles, résident dans des supports matériels tels que les arbres, les montagnes, les sources, ou dans lesongon, supports sacrés, idoles fabriquées par l’homme sous forme de figurines de bois, de feutre, de fourrure, ou encore peints sur des tissus. Chaque phénomène naturel recèle une divinité tutélaire, un esprit-maître dirigé par un principe unique surnaturel : le Ciel ou Tenger. Au dessus des forces surnaturelles il y a donc ce dieu unique, le ciel souverain, Khan Tenger.

En vertu de cette croyance, qu’on qualifiait plutôt autrefois d’animisme et qu’on a coutume maintenant d’appeler chamanisme, un échange s’instaurait entre les mondes. Le mot chaman vient vraisemblablement de saman, un mot toungouse qui désigne un intermédiaire entre le monde des humains et celui des esprits. Les peuples chasseurs par exemple demandaient aux esprits des animaux de leur fournir le gibier dont ils avaient besoin pour leur subsistance, et en échange leur donnait un peu de nourriture sous forme de graisse dont ils barbouillaient lesongon, ou bien de goutte d’airak ou même de bonbons qu’ils déposaient sur les ovoos, en attendant de rendre au terme de leur vie leur propre force vitale.

Le chamane qui a la charge d’instaurer et d’entretenir ces échanges, leur donne une dimension institutionnelle par un « mariage rituel » au cours duquel il « s’animalise » par son vêtement et son comportement pour mieux communiquer avec ses partenaires, les animaux, et assurer de part et d’autre santé, fécondité et tout ce qui est nécessaire à la perpétuation de l’espèce. On devient chamane par transmission héréditaire ou quand on est doué des pouvoirs du chamane. Mais en aucun cas cela ne peut être enseigné ou appris.

Du temps des Khans, c’était lui le conseiller spirituel du prince.

Il sait aussi lire dans les étoiles et interpréter les craquelures faites par le feu sur une omoplate de mouton.

Le vieillard blanc lui, est le maître de la Terre. Il protège le bétail et peut dispenser la longévité. En son honneur le 9 mai on fait brûler duarts, un encens à base de genièvre. Puis on trait pour la première fois de l’année les juments pour faire l’airak : le lait de jument fermenté.

A cela s’ajoute encore le culte ancestral. Les Mongols considèrent que les esprits aiment les même choses qu’eux, c’est pourquoi ils leur offrent le meilleur : la graisse, les laitages, les bonbons, l’alcool, le tabac. Les esprits ne sont pas divinisés mais au contraire humanisés. La relation avec eux est plutôt un échange, un partenariat.

Ces coutumes ont subsisté bien après que les Mongols aient adopté l’élevage et fait reculer la pratique de la chasse. Simplement c’est avec les âmes des morts que se sont intensifiés les échanges, car ce sont eux les ancêtres, qui procurent aux éleveurs les terres de pâturage et le bétail qui les nourrie.

Si les touristes sont intrigués par toutes les règles à suivre, les tabous, la division spatiale sous la yourte etc., ils doivent comprendre que cela est destiné à respecter l’équilibre de l’homme avec la nature et le monde qui l’entoure. Et la yourte représente un modèle réduit de l’univers. Au sein de ce système l’homme ne doit pas prendre à la nature davantage que ce dont il a besoin. Il doit respecter l’équilibre de l’univers ainsi il sera heureux lui et sa famille et sera à l’abri des malheurs et des soucis.

Le feu : élément sacré :

Le feu, et par conséquent le foyer central de la yourte, est sacré et il fait donc l’objet de nombreux interdits et prescriptions. Par exemple tous les déchets ne peuvent pas être « offerts » au feu. Lorsque des nomades installent leur yourte quelque part ils commencent par poser le foyer et construisent ensuite le reste de la yourte autour. Le feu représente la vie et donc le lien entre les ancêtres et leurs descendants, il engendre et symbolise la succession des générations. Ce culte rendu au feu est nettement antérieur à Gengis khan cependant celui-ci dans son « code des lois », le yassa (du mot mongol yas qui signifie os), avait écrit le comportement à avoir à l’égard du feu. Ainsi il ne faut pas orienter vers le feu ses chaussures, des objets pointus ou métalliques, cracher dessus, verser de l’eau dessus. Les cendres sont le produit du feu, elles sont donc elles aussi le sujet de tabous. Par exemple on ne doit pas, ni son cheval, piétiner les cendres d’un foyer laissées par une famille.

Enfin le feu est aussi sacralisé car il communique avec le ciel qui est lui-même sacré.

Les ovoos :

Ce sont des amas de pierre sur lesquels on a fixé des Khadag (tissus bleu à offrande), et parfois des branches, des bouteilles de vodka… Ils sont la maison des esprits des lieux, et par leur forme pyramidale ils représentent un lien entre la terre et le ciel. Ils sont souvent situés aux cols ou aux sommets des montagnes, au croisements de chemins, sur les rives des lacs ou des rivières. L’édification d’ovoos est antérieure au bouddhisme et même au chamanisme semble-t-il et on les retrouve dans toute l’Asie centrale. Auparavant il semblerait qu’ils aient eu un lien avec les pratiques funéraires voire la crémation des défunts. Par conséquent ils restent aujourd’hui encore liés au culte des ancêtres. Il y a eut une époque lointaine où ils étaient les représentants d’un clan et de son territoire.

Aujourd’hui encore on s’arrête près d’un ovoo pour tourner autour trois fois et y jeter quelques pierres afin de faire comme les étoiles dans le ciel ou comme la terre autour du soleil.