Les « ninjas » mongols

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Les « ninjas » mongols

 

La Mongolie confrontée au phénomène des « mineurs ninjas »

 

ZAAMAR (Mongolie) – On les appelle « mineurs ninjas » parce qu’avec leur bassine verte attachée sur leur dos ils ressemblent aux fameuses Tortues ninjas du dessin animé. On trouve les orpailleurs et autres mineurs clandestins dans toute la Mongolie.

Chuluuntsetseg est l’une d’entre eux. Malgré l’hiver qui est vif, elle travaille sur les berges de la rivière Tuul, à l’ouest de la capitale Oulan-Bator. Là sont creusés des puits artisanaux, d’où sont retirés à la force du poignet des seaux et des seaux de sédiments.

Assise à même le sol, Chuluuntsetseg remplit sa bassine avec ce mélange de limons et de pierrailles, qu’elle fouille ensuite en versant dessus de l’eau bouillante.

Inlassablement, elle répète ces gestes. Soudain, son visage s’anime: plongeant la main dans l’eau vaseuse, elle retire tout excitée une petite pépite brillante. La femme de 49 ans vient de trouver de l’or.

« Elle vaut à peu près 8.000 tugriks », soit environ 4,75 euros, dit-elle en déposant la paillette dans une petite boîte.

La chercheuse d’or et ses amis gagnent en moyenne 45 euros par jour, un montant honorable dans un pays parmi les plus pauvres d’Asie.

La Mongolie compte des dizaines de milliers de « mineurs ninjas », souvent des jeunes sans emploi ou des éleveurs ayant perdu leur bétail en raison de la succession d’hivers trop rigoureux.

 

Ils seraient 100.000, selon des articles de presse, probablement davantage selon Patience Singo, une spécialiste qui travaille pour un projet minier de développement durable financé par l’agence de coopération suisse.

« Les gens ont faim, les gens ont besoin de se nourrir. S’ils n’ont pas d’autre solution, ils se lancent dans les activités de mines artisanales », explique-t-elle à l’AFP. « Ce travail permet à environ 300.000 personnes de vivre ».

C’est dans les années 1990 qu’on a commencé à entendre parler des forages miniers illégaux en Mongolie, quand le pays a tourné le dos à des décennies de communisme pour avancer vers l’économie de marché.

Selon Mme Singo, le gouvernement s’est trompé en pensant que le phénomène ne durerait pas. A l’opposé, des villes entières dépendent aujourd’hui des activités minières illégales, comme Zaamar, à cinq heures de route d’Oulan-Bator.

Dans un rapport en 2006, l’Organisation internationale du travail (OIT) a révélé que cette industrie était source de nombreux problèmes de sécurité, de santé et de scandales liés au travail des enfants.

Mais les énormes réserves du pays en cuivre, or, uranium ou argent attirent irrésistiblement les « ninjas », malgré les dangers.

Tomin-Erdene, 24 ans, explique qu’il a commencé à collecter de l’or à Zaamar à l’âge de 16 ans. A force de trier et vider sa bassine, il a gagné son surnom de « Roi ninja ».

« L’hiver, les gens utilisent de façon courante des explosifs dans les puits, c’est plutôt dangereux », relate-t-il. Les affrontements avec les policiers, qui tentent de juguler les mines illégales, font aussi partie des risques.

« La plupart du temps ils viennent et essaient de saisir nos groupes électrogènes ou bien de nous extorquer de l’argent. Cela peut devenir vraiment violent », raconte Tomin-Erdene.

Contacté par l’AFP, le ministre des ressources naturelles et de l’énergie, Dashdorj Zorigt, a refusé de commenter ce sujet.

Les atteintes à l’environnement ne font par ailleurs pas partie des préoccupations des mineurs ninjas, a aussi admis Tomin-Erdene.

« On est toujours en fuite. On creuse et on part, alors ce qui se passe sur le plan de l’environnement, ce n’est pas notre problème ».

(©AFP / 16 février 2011 06h17)

 

 

 

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